05
JUI 08

Le patois systémique

J'ai parlé ici de ma difficulté de répondre aux demandes répétées de clients - des coachs indépendants ou responsable du coaching interne - qui désirent nourrir leurs pratiques de cette théorie vivante : la systémique.
J'ai finalement accepté ! Et,
dès la rentrée, deux jours de formation sont programmés pour une équipe de coachs internes.
Mais maintenant comment faire ?! Ou plutôt comment partager ce qui est au cœur de la systémique et vivant pour les coachs ? Comment ne pas plonger dans un exposé
théorique et austère sur les "lois des systèmes" (loi de non-somativité, d'équifinalité, de circularité…) ?

Hier au petit-déjeuner et au jardin, moment propice à l'écriture, j'ai découvert une piste amusante : partager le patois du coach systémicien ! Comme un glossaire qui interpelle et questionne.

Il restera à créer une animation pour susciter l'expérimentation entre pairs J'ai confiance dans l'émergence. Tiens, voilà un autre mot pour ce glossaire !
Voici en primeur les premiers mots de ce lexique qui va
parfois au-delà du coaching : j'emprunte aussi à mon expérience de gestalt-thérapie.
Coachs à la recherche d'autres outils que soi-même s'abstenir ;-)

Le patois du coach systémique

Résonance : Les humains vibrent à l'unisson de leurs histoires.
Le client et le coach se rencontrent, se relient, se percutent, tissent une relation en résonance avec leur histoire de vie, personnelle et professionnelle. Le coach systémique sait détricoter ce qui appartient à sa propre histoire. Il peut nommer ses résonances, les refléter au client. Le client peut alors prendre conscience de ce qu'il "joue" ou rejoue ici et là et apprendre à son tour à démêler le fil de ses relations.

Reflet : Ce qui se passe ici et maintenant, dans la relation, est en reflet de ce qui se joue là-bas.
Le client reproduit avec son coach la relation qui le freine ou le bloque dans ses relations avec son équipe, son patron ou ses homologues. Le coach systémique est présent à lui-même, attentif à ce qui se crée dans la relation, ici et maintenant. Il met ce matériau au service de son client sous forme d'hypothèses ou de questions, par exemple : "Comment ce qui se passe ici, entre nous, parle peut-être de ce que vous vivez là-bas ?"
Une hypothèse n'est ni vraie ni fausse, elle est plus ou moins utile au client : elle lui ouvre, ou non, un autre regard, de nouvelles options.


Ce qui se passe, ici, maintenant, est aussi parfois la répétition d'une autre histoire, ailleurs et autrefois.
Chacun de nous reproduit, dans son champ professionnel, des morceaux de son histoire passée. Nos relations sont alors la répétition de scénarios inachevés, de désirs insatisfaits. Le coach systémique peut voyager dans le temps avec son client, cheminer à travers la trame de son histoire de vie. Une question clé alors : « En quoi ce qui se passe ici, a peut-être un air de famille avec une histoire qui vous est familière ? ».


Symptôme : Un symptôme est une manière pour un humain d'être en relation. En relation avec soi, avec l'autre, avec sa famille, avec son histoire
Ainsi dans une famille, un enfant peut interagir d'une manière jugée dysfonctionnelle par ses parents : "agressif", "surexcité", "hyperactif"… Il est alors le "patient désigné", porteur du symptôme, étiqueté par le couple parental. Ce symptôme parle d'une manière singulière d'interagir dans cette famille. Il a une fonction positive pour le système familial, un besoin qui reste à découvrir, par exemple une fonction de lien. Un symptôme est aussi une solution pour ne pas changer. Vouloir le supprimer peut provoquer un nouveau symptôme !
L'étiquetage joue aussi dans les familles professionnelles : un hiérarchique qui prescrit un coaching à un manager pour corriger un comportement jugé "non performant" ou pour "développer un savoir-être" conforme à un modèle…
Le coach systémique n'utilise pas de tests, de profils de personnalité ou de classifications psychopathologiques. Il décolle les étiquettes posées sur le client et sait découvrir la compétence derrière le "symptôme".


Homéostasie : Tout être humain soumis aux pressions du changement exerce des pressions opposées et de même intensité.
L'homéostasie est un principe de régulation et d'équilibre qui est au cœur du vivant : maintien de la température de notre corps, du taux de glycémie autour de constantes vitales… Ce que certains appellent "une résistance au changement" est une compétence, un ajustement créatif pour maintenir un équilibre vital. Le client qui "résiste" au coach – quand celui-ci pousse ses théories, ses hypothèses, ses intentions de changement – est un client bien vivant !
C'est le désir qui est au cœur du changement. Et, si le coach n'avait qu'une seule question, ce serait : "Quel est votre désir pour ce coaching ?"

A suivre, si vous aimez ?

Exemple d'application : systémique et changement à l'hôpital,  De la plainte à la compétence des familles