21
JAN 12

Sans préavis

Dans le huis clos de l'enfance, vous étiez l'objet du désir et du délit de l'autre. Longtemps, souvent. À demi-mots et plus. Tout ça est resté caché, secret.
Et depuis lors, ici et là, dans le théâtre de la vie et sur la scène professionnelle, votre manière de tisser des liens c'est de donner à voir ce qu'il y a de plus précieux en vous. C'est tout à la fois votre drogue et votre métier. 

Ainsi aimez-vous créer des trésors qui éveillent en l'autre le désir d'une alliance avec vous. Et plus encore, pourquoi pas.
Mais alors, et à chaque fois, ressurgit votre peur profonde et de jadis. La peur d'être volé, pillé.
Oui bien sûr, ajoutez-vous, il y a toujours cette peur d'antan. Mais à l'instant même où l'autre croit enfin vous posséder, vous déposséder, vous sentez au fond de vous le plaisir de lui ôter ce qu'il convoite. Et la jouissance de vous retirer à jamais. Toujours sans préavis.

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Photo : "Sweet home", Ousmane FALL, La Terre vue du Sel.