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AVR 14

Affect model

Recevoir chez soi ou dans un atelier, se faire payer sur devis ou à coup de marteau, être accro au "combat thérapeutique" ou aimer se faire raconter des histoires "dominantes ou préférées" le "business model" du coach vient de bien loin souvent.
Et il est truffé d'affects singuliers. Alors parfois ça fait des nœuds au fond

*

- 60 euros. C'est à ce prix-là que je vends mes heures de coaching. Mais je sens bien que ça vaut beaucoup plus que ça ! Et pourtant je n'arrive pas à augmenter mon prix, elle me dit.

Et moi je dis rien. Je me demande bien pourquoi, dans notre métier, elle se voit marchande de temps.

- J'en peux plus ! Ça me mine au fond, elle ajoute. Comment je pourrais changer ça ?

Elle me parle alors de ses tentatives en entreprise. Elle gonfle son taux horaire. Mais on lui demande des devis. Elle ajoute la TVA. Et on lui marchande des remises.

C'est bizarre de faire des devis, je me dis. Mais je me souviens alors d'un coach réputé qui, pour parler du prix que ça coûte un coaching, évoquait un plombier. Et cet artisan-là était aussi réputé et un peu sorcier : il reniflait les tuyaux et il savait précisément alors où donner un coup, un grand coup de marteau. Et la chaudière était réparée. Et c'était ça son devis à lui : le coût du coup de marteau !

Elle me regarde et puis elle me demande :

- Dites, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ?

- Pourquoi vous vendez toujours des heures ? je lui demande.

Elle cherche un instant et je ne sais où.

- Je ne comprends pas ! elle me lâche, un peu dépitée ou agacée à présent.

- Je me demande quels sont les métiers qui vendent des heures ?

- Mais pourtant, ici aussi, avec vous, une séance c'est une heure ! elle me lance, du tac au tac parce que le temps passe et que c'est bientôt la fin.

- C'est parfois un peu moins d'une heure aussi, je lui dis.

Long silence. Et puis :

- Vous voulez dire que je ne devrais vendre qu'une heure à chaque fois ?!!

Je dis rien.

- Vous ne dites rien ?

- Que faisaient vos parents ? je lui demande. 

Elle semble vaciller alors et elle lâche :

- Ma mère aussi vendait des heures !

… ?!

- Elle était nourrice agréée, elle ajoute.

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