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JUI 15

Sur le chemin des cigales

– Quand j'étais enfant, je me demandais où elles étaient les cigales qui chantaient sur les chemins au soleil ?

Elle me dit ça en marchant, là, sur le chemin des cigales, et je sens bien que ce n'est pas vraiment une question au fond. Elle aime bien babiller comme ça avec moi et sur le fil des associations libres.

 Mais moi, je n'ai jamais vu les cigales quand elles chantaient, elle ajoute.

Et je vois bien qu'elle pose tout doucement ses pieds sur le chemin, qu'elle scrute les hautes herbes, les creux du sentier et de l'enfance.

–  … 

– Et il y a beaucoup de gens qui croient que la psychanalyse c'est aller fouiller dans le passé, tu sais ?

Elle a ajouté ça, quelques jours plus tard, quand on se baladait sur un autre chemin dans la grande ville. Pour moi, c'était sur le même fil que son histoire de cigales. Et là, elle a dit "tu sais ?", mais non je ne savais pas ça. Parce que moi, le passé, j'aime bien aller le chercher au piochon ou à la truelle. Même si je sais que ça dresse plein de défenses alors.

– Mais le passé, tu sais, c'est pas la peine d'aller le chercher trop loin, pas la peine de trop questionner, au fond. Parce que, mine de rien et quoiqu'ils en disent, les gens vivent à fond l'instant passé. Parce que le passé est toujours là, bien présent au présent, elle a continué.

– Oui, j'ai dit, c'est un peu comme les cigales qui chantent : on les entend mais on ne les voit pas.

Et de plus en plus j'aime écouter ceux qui me racontent des histoires, leurs histoires du moment, et comment ils se perdent toujours au présent, dans leurs dédales et leurs impasses. J'aime les écouter comme si c'était toujours un peu de leur histoire passée qui était là, au fond, si familière alors. Et comme une énigme qu'ils cherchent à résoudre. Et c'est fou l'effet que ça fait de les écouter comme ça, à double sens.
Pas besoin de piochon ni de truelle alors. Un pinceau suffit.

***

"Défenses naturelles & Coaching" : ce sera le thème de l'atelier de rentrée à l'Atelier des Jardiniers ; une journée à la campagne, le vendredi 18 septembre, animée en duo avec Eva, pour aller quelques pas plus loin toujours sur les chemins de l'accompagnement au naturel et bien au-delà alors des paradoxes apparents et des "résistances au changement"

Et là, en attendant, entre pensées pas si folles et détours, dénégations ou traits d'esprit, censures et agacements, voici un bout de séance passée qui montre bien, je trouve, comment surgissent tout à la fois l'impensable déjà là et toutes les défenses avec sur le fil des associations libres : La fabrique de faux billets !