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JUN 16

Le baiser ou la gifle

"Je vais vous parler un instant de POM. C'est pas son vrai nom POM, là, mais c'est la cliente du mercredi 8h30. Et, cette semaine, elle est arrivée avec un peu de sa jalousie. Sa jalousie envers ou contre sa sœur, envers les études qu'elle fait, envers son nouveau compagnon et le couple qu'ils forment, etc…
POM c'est l'aînée de sa fratrie alors c'est sans doute sensible tout ça. C'est la frérocité au féminin peut-être. Et moi alors je l'ai encouragée à exprimer la rage qu'elle retenait. Elle pleurait, ça ressemblait à une pluie d'orage sans la foudre ni le tonnerre. Elle a essayé et elle a commencé à dire pas mal d'horreurs. Mais elle vient d'une famille très catholique et c'est un péché, je crois, la jalousie. Alors c'était bien compliqué pour elle, c'est 
comme coupé ou empêché.

Et puis elle a parlé d'un moment un peu délicat pendant le dîner, la veille, avec sa sœur et son copain : « T'es PAM ou t'es pas PAM ? » elle a demandé à son copain au tout début du repas. PAM dans la religion catholique ça veut dire "Pas Avant le Mariage". Oui, faut pas coucher avant le mariage mais ce soir-là elle sait pas du tout pourquoi, elle a rajouté « Oui, faut pas coucher avant le mariage sauf avec moi ! ». Elle a dit ça comme ça tout d'un coup au copain de sa sœur. Elle sait que c'est un dérapage de son inconscient mais après elle m'a demandé : « Mais que faire de tout ça ? » Et moi je n'ai pas su trop quoi répondre parce qu'il n'y a rien à faire, si ce n'est prendre soin de revenir aux sources, aux souvenirs d'enfance et aux fantasmes aussi, simplement, calmement. Parce que sinon tout ça suinte, se déplace, se déchaîne contre soi ou contre l'autre.

Et au moment de partir elle m'a dit « Je ne reviendrai pas ». C'est pas très catholique de faire ça comme ça mais c'est beaucoup plus facile de couper court ici ; la rage passée à l'acte ainsi."

Ça c'est une histoire que j'ai racontée aux étudiants à Paris 2 pour la séance du mois dernier. Oui, parce que cette année, au fil des séances avec eux, j'ai découvert que j'aimais bien raconter une ou deux histoires du mois écoulé pour donner envie à chacun de déplier le thème choisi. Et pour cette séance-là c'était sur le fil du transfert, toujours et un pas plus loin : Le baiser ou la gifle, en coaching aussi.

 

Master 2 Coaching à Paris 2 – Séance 7 – Vendredi 27 mai 2016
Supervision en groupe
Le baiser ou la gifle

 

#1. INTRO 

C'est l'avant-dernière séance. Être à l'écoute sensible, un instant ou plus, de ce que ça vous fait peut-être l'avant-dernière fois, de ce que ça vous évoque ? Parce que c'est jamais anodin, au fond, la fin des choses surtout quand c'est programmé ainsi, à l'avance.

Ce soir on va travailler sur un thème qui a surgi la dernière fois. Oui, le mois dernier, c'était "Quel étrange désir que de vouloir accompagner ?!" et à un moment, je vous ai dit, comme ça en passant, "Ce soir, j'ai failli vous proposer de travailler sur l'agressivité mais c'est de la dynamite alors je n'ai pas osé". Et vous, en cœur ou en solo, vous m'avez répondu : "Oh ! Oui nous aussi on veut travailler ça !"
Et c'est tout naturel, parce qu'ici, comme là-bas – enfin dans vos séances –, je vous invite à aller sur le fil des associations libres, et donc sans censure ni morale. Parce que l'inconscient ignore la morale, le bien et le mal, le positif et le négatif, etc et etc
Et la rage c'est un élan originel, une force vitale. La rage de vivre. C'est avec ça que nous venons au monde. Mais c'est souvent enfoui, refoulé. Et puis alors défoulé, retourné contre soi ou contre l'autre.

Mais c'est délicat, je trouve, de l'approcher cette rage-là, dans la vie de tous les jours ou dans l'entreprise, et en coaching surtout. Oui, parce qu'avec toute la bienveillance et la neutralité toujours affichées, tous les programmes de CNV ou de pleine conscience, c'est comme si c'était l'époque de la prohibition.

[ L'histoire de POM ]

Et moi, là, je rechigne avec vous ! Je noie un peu le poisson avec mes histoires. Mais pourquoi je fais ça ? Parce qu'un groupe c'est comme une cocotte-minute, pour moi. Ça bout et alors ça peut péter tout d'un coup. Mais finalement j'ai jamais vu une cocotte-minute exploser et il y a une soupape. Ma psy m'a dit que ça peut être dangereux quand même quand on ouvre une cocotte-minute. Surtout si c'est pas canalisé la violence. Mais on va quand même faire ça : ouvrir un peu la cocotte-minute, tout doucement. Et ce ne sera pas une cocotte-minute alors, ce sera en mode cocotte à feu doux :

• Regarder, explorer ce que c'est pour chacun l'agressivité, la rage de vivre ?
• Et puis, en même temps, parler tout à la fois de ce qui l'empêche et la facilite ? Et puis pourquoi tout ça alors ?

#2. PRACTICUM : en duo moi et Yannick

Pourquoi en duo féminin-masculin : pour recréer la triade originelle, mine de rien. Et pourquoi Yannick : parce qu'elle va aussi sur le divan ; ça peut faire soupape ainsi.

Alors, qui a envie de cheminer ainsi, avec moi et Yannick, sur ce thème-là de la colère ou de la rage, de la violence ou de la jalousie ?

Le point de départ pour amorcer : une situation d'ailleurs ou d'ici, d'autrefois ou d'aujourd'hui. En mode, évocations libres et analyse/élaboration.

#3. PARTAGE avec le groupe

PAUSE

#4. PRACTICUM : en trio aussi

#5. PARTAGE EN PLENIERE

Et pour la route : "la gifle" c'est aussi une ressource pour accompagner : LE COMBAT THÉRAPEUTIQUE Gérard Salem.

Et ici c'est juste un début. Ne pas s'arrêter en si bon chemin. Oui, à charge pour chacun de poursuivre le voyage après, d'élaborer là-dessus avec celui ou celle qui vous accompagne.

A la prochaine fois : ce sera le vendredi 10 juin


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En photo : Une image extraite du film "A Dangerous Method". David Cronenberg. Décembre 2011