09
NOV 16

De la supervision en groupe au groupe supervisant

Eva et moi nous aimons ouvrir en janvier prochain un groupe pour "accompagner ceux qui accompagnent" et faire ainsi du "travail de soi" une source vive du travail d'accompagnement des autres, en individuel, en groupe ou en collectifs humains.

Un groupe animé en duo donc et aussi un groupe "supervisant". A l'écart ainsi des sentiers battus de la supervision autour d'un modèle ou d'un maître.

Quelques lignes alors sur ce qui nous anime.

 

Au cœur de ce travail : transfert et contre-transfert

C'est pour éclairer les jeux transférentiels, originels, sensibles et complexes, que nous créons ce groupe. Et à la source première de ces jeux-là qu'il nous semble illusoire de vouloir "nettoyer", "écarter" ou "utiliser" – puisque l'inconscient décide de lui-même –, il y a selon Freud deux mouvements :

– l'un, l'élan naturel, émotionnel, sensible que vous, accompagnateur, vous ressentez pour celui que vous accompagnez,
– et l'autre, la réponse sensible que vous donnez, mine de rien et malgré vous, à l'élan naturel de l'accompagné vers vous.

L'un transfert, l'autre contre-transfert. Et une fois la relation engagée, difficile parfois de démêler tout ça. Difficile aussi d'en découdre avec des pairs et des superviseurs avec qui ces jeux-là s'installent. Et puis d'autres aussi qui s'ajoutent. Difficile, si ce n'est avec le temps et le lâcher prise de chacun, pour que ces élans-là se déplient dans toute leur complexité et leur richesse.
Dans les groupes précédents, plutôt focalisés sur la résolution de cas, nous avons parfois vécu des moments de radicalité de la part de l'un ou l'autre d'entre nous. Et cela éclaire la résistance la plus massive et destructrice qu'il s'agit de dépasser et qui nous a guetté de plus ou moins près dans notre enfance de "petit thérapeute" malgré nous : la pulsion de mort. Oui, une pulsion qu'il est parfois plus facile de rejeter sur l'autre que de regarder en soi. Oui, comme une composante saine alors de séparation, d'altérité vraie, lorsqu'elle danse ainsi avec la vie.
Et le vivant – en lieu et place de cette "identification projective" première –, avec tout l'imparfait, le manque, l'absurde, l'incertain de la vie vivante, et alors les doutes, la souplesse, la confiance légère en soi, en l'autre et dans le temps, sont les bénéfices d'un travail conduit en groupe ainsi.

Les modalités : accompagner la libre association et l'élaboration en groupe

Pour celles et ceux qui veulent nous rejoindre, voici les modalités de travail au cœur de chaque séance :

– Un participant, après un bref tour de parole, prend la place de celui qui expose, qui s'expose ;
– Il assume que les affects et les pensées, plus ou moins sans censure, qu'il suscite autour de lui, en chacun dans le groupe, le concernent de près ;
– Il tient le lien et il prend appui ainsi ;
– Et il peut aussi prendre acte parfois de son refus naturel des autres pour analyser ce qui se trame pour lui en séance. Il chemine ainsi de séance en séance avec ce qu'il vit, y compris les passions des autres au fil de l'accompagnement partagé.

Nous, "conducteurs" en duo, nous laissons faire la dynamique libre du groupe, pourvu qu'elle soit "libre-associative" et sur le fil de l'élaboration ainsi. Et nous posons des limites individuelles si cela nous semble opportun. Des limites qui peuvent dans l'instant, ou bien à la longue, libérer leur sens. Nous proposons aussi des infléchissements quand nous décelons l'une des trois dominantes dans la vie du groupe : "l'idéalisation", "le couplage" ou "le casse". Ces forces typiques qui répètent aussi, plus ou moins consciemment, de vieilles histoires tout à la fois intimes et universelles.

Les pré-requis

Il s'agit au préalable d'accepter les autres, tout simplement pour "Autre", de ce groupe émergeant, et de reconnaître la place à part de notre duo. "Conducteurs" faisant souvent figure de couple parental et duo dans la vie aussi – un élément de travail de plus.
Oui, conducteurs de la dynamique de l'ensemble et de chacun avec une visée de "good enough", suffisamment "bons", mais toujours imparfaits heureusement, et jamais "totalement mauvais" au fond.
C'est notre propre travail analytique en continu et par ailleurs qui nous protège et vous protège. Ce travail-là ne peut pas se déplier avec vous mais nous pouvons en réintroduire des éléments si cela nous semble opportun. Respectez alors nos aller-retours entre la place d'accompagnateurs et celle de pairs que nous sommes en ce travail particulier de supervision.

Pour ceux qui nous rejoindront, soyez conscients de cette confiance nécessaire, y compris et surtout dans la traversée des moments de trouble ou de chaos. Oui, quand les jeux de transfert se déplient à foison mais ne restent pas pris aux pièges du négatif. Cultivons alors plutôt la patience et l'engagement sur la durée qui permet d'approcher ensemble et au plus juste ce qui se trame au fond et comme une énigme toujours.
En ce qui nous concerne, nous cherchons à pointer ou modérer à l'endroit des résistances individuelles. C'est notre compétence d'analystes, plutôt en individuel alors. Et pas d'acharnement comme le veut la clinique analytique qui rend entièrement responsable l'analysant, mais pas non plus de complaisance lorsqu'il semble s'agir de "réaction thérapeutique négative". Transitoire heureusement. Ce n'est plus le transfert ici, mais un dernier sursaut "archaïque" avant la renaissance pour de bon peut-être !

De plus, ce travail à notre contact peut être "modèle" au sens de nouvelle "identification" fructueuse de votre propre travail d'animation. A condition de vous désidentifier aussi et trouver votre propre style sur ces quelques bases de la conduite clinique de groupes.

Les inscriptions 2017 sont ouvertes, il s'agit d'un groupe unique et ouvert aux différentes pratiques d'accompagnement : coach, thérapeute, manager, formateur ou consultant.  Ce groupe se réunit en afterwork de 18h à 20h chaque premier mercredi du mois.


Pour prendre contact : André ou Eva.

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Photo : Devant l'échoppe d'un artisan de la laine – Vézelay – Août 2016