03
MAI 18

La fille qui faisait des vidéos

On se balade sur le chemin des chèvres à cet instant où le soleil se couche et où les gens ont souvent des angoisses crépusculaires. Et puis tu me racontes que t'as regardé la vidéo d'une fille qui fait des vidéos sur LinkedIn. Elle est coach ou magicienne, clown ou marionnettiste, tu ne sais plus trop. D'habitude, tu passes ton chemin mais, là, sa vidéo t'a bien accrochée parce qu'elle commençait par parler d'un homme qui accoste une fille dans un bar.

– J'ai envie de coucher avec vous, disait le gars à la fille. 

19
AVR 18

Un peu comme dans un rêve

Des fois, je suis préoccupé. Alors, tout d'un coup, il paraît que je change de tête. Oui, je rumine, j'essaie de résoudre une énigme qui soudain prend beaucoup d'importance pour moi. Et toi, à ce moment-là, tu ne peux imaginer ce que je pense, et je vois bien que ça t'inquiète ou te déroute. Alors tu changes aussi de tête. C'est vrai que tu ne t'enfermes jamais dans ton monde. Non, tu me parles en continu de ce qui te préoccupe. Et aussi de ce que tu aimes.
Et, là, tu commences à t'énerver, tu me dis que c'est comme si j'avais des « personnalités multiples ». Des fois, tu poses un diagnostic psychopathologique sévère comme ça, mais il est très controversé ce trouble. 

17
AVR 18

Accompagner les transformations en entreprise

Il y a peu de formations pratiques pour le coaching d'organisation, les projets de transformation ou la conduite de démarches d'innovation. Mais il y a un groupe de développement et d'analyse de pratiques animé par deux analystes et dédié aux praticiens de différents métiers : directeurs de la transformation, de l'innovation, consultants, coaches, responsables RH. Et, si vous en êtes, c'est le moment du renouveau.

Eva et moi aimons à la fois intervenir en duo au cœur du changement des organisations et former, initier les acteurs à la complexité de la nature humaine et à ses ressources naturelles. Nous sommes chargés d'enseignement à l'université dans ces domaines et nous sommes heureux d'ouvrir un groupe dédié au développement et à la supervision de tout professionnel, interne à l'entreprise ou consultant, qui souhaite prendre l'envergure que l'entreprise requiert de nous, acteurs de l'humain à la fois singulier et socialement engagé.

12
AVR 18

Aux cow-boys et aux indiens

J'avais ma colonne vertébrale coupée en plein milieu. Je ne sais plus comment j'en étais arrivé là mais il me manquait cinq ou six vertèbres. J'étais allongé, allongé sur un divan, comme ici, et donc ça pouvait un peu tenir par les côtés, par ma cage thoracique. Mais je ne pense pas qu'on puisse vivre longtemps comme ça, sans moelle épinière.
Ça c'est un morceau du rêve que j'ai fait ce week-end et que j'avais besoin de raconter sur le divan. Le rêve continuait, parce que maintenant mes rêves sont en plusieurs épisodes, comme des feuilletons. J'avais donc prévenu ma psy et c'est peut-être pour ça qu'elle m'a coupé un instant, pour pointer un détail : « Cinq ou six », elle a dit, avec ou sans point d'interrogation. Difficile de savoir avec elle. De toutes façons, j'essaie de me défaire de ce qu'elle appelle mes « perceptions ». Oui, tout ce à quoi je m'accroche et qui est à l'extérieur de moi. Comme pour m'adapter à l'autre et m'éviter alors.

09
AVR 18

À haute tension

Les rêves, les souvenirs-écrans, les actes manqués, les lapsus ou les maladresses... c'était pendant les premières séances du master coaching à Paris 2, pour donner aux étudiants un peu le goût de l'inconscient au jour le jour. Et aussi les jeux de transfert pour "sentir" les manifestations de l'inconscient en coaching. Et puis, vendredi soir, application plus pratique. Oui, application au projet de mémoire de chacun, un objet à "haute tension", sans frontières et à la croisée de multiples chemins : sur commande mais créatif, mêlant le professionnel et le personnel, la théorie et la pratique, l'histoire passée et l'illusion du futur...
Et parce que, face à tout ça, j'en vois beaucoup qui chaque année procrastinent, demandent une dérogation ou se lancent dans des sondages ou des interviews. Comme pour se fuir.

Alors, j'ai proposé de "regarder" ce projet-là, en particulier la relation de chacun à cet objet, sur le mode analytique, c'est-à-dire depuis la scène de l'inconscient : répétitions, conflits intérieurs, pulsions…
Travail en petits groupes alors, pause en solo et en silence (si affinités), et puis place aux fantasmes...

04
AVR 18

A l'abri des regards indiscrets

Hier, la gardienne était devant l'entrée de l'immeuble et moi quelques pas derrière. Elle ne se doutait pas que j'arrivais, sinon j'aurais sans doute fait un truc élégant, genre lui tenir la lourde porte de fer et de verre.
Peut-être aussi que je voulais un peu me cacher mine de rien. Oui, parce que la semaine dernière c'était presque la même scène mais avec sa mère. Cette femme-là fumait sur le trottoir et, quand elle est entrée, j'ai cru la voir composer un code bizarre qui ouvrait quand même la porte cochère. Comme si elle avait craqué le code. 

29
MAR 18

Contaminé

Des fois, j'écris des trucs dans mon mobile. C'est comme un journal de bord. Et, comme ça, je me laisse "contaminer" ou je prends un peu de distance, je fais des liens...

 

Lundi 5 mars

J'avais un rendez-vous téléphonique aujourd'hui avec la directrice de l'usine qui fabrique une bactérie. Enfin la bactérie elle se développe bien toute seule et en boucle fermée. Elle entre dans la composition de crèmes qui font aux femmes une peau plus douce.
Mais le souci dans cette usine, c'est que parfois il y a contamination. Alors, ça met à mal toute la production, et cela pendant plusieurs mois, le temps de décontaminer.

20
MAR 18

Coaching sans frontières

Il vous arrive peut-être de vous sentir aux limites face à un client coincé dans une impasse professionnelle. Ou bien avec un autre au cœur d'un conflit ou d'une crise. Vous jouez ici du "reflet systémique", du "triangle dramatique" ou de la "Communication Non Violente", mais ça résiste et ça tourne court, comme s'il se tramait tout autre chose en coulisse, une énigme inédite.
Alors pourquoi ne pas laisser vos clients associer librement, comme ça vient ?
Oui, sans frontières posées a priori entre la sphère professionnelle et leur vie personnelle, entre le présent et leur histoire passée, à la découverte alors de ce qui 
se répète dans ces impasses et ces conflits.

15
MAR 18

Les loyautés

« … chaque personne que je croise dans la rue, dans le métro, au pied de mon immeuble, est devenue, depuis quelques semaines, un ennemi. Quelque chose à l'intérieur de moi, ce mélange de peur et de colère qui s'était endormi pendant des années – sous l'effet d'une anesthésie aux apparences de douce somnolence, dont je contrôlais moi-même les doses, délivrées à intervalle régulier –, quelque chose en moi s'est éveillé.
Je n'ai jamais éprouvé cette sensation sous une forme aussi brutale, aussi invasive, et cette rage que j'ai peine à contenir m'empêche de dormir. »

C'est un extrait du nouvel opus de Delphine de Vigan : Les loyautés. Et c'est écrit avec la même encre que Rien ne s'oppose à la nuit. Oui, une encre noire, l'encre des histoires qui se trament dans les coulisses des familles plus ou moins parfaites.
Un livre sur les emprises silencieuses qui se tissent au fil des années d'enfance, sur ces liens invisibles qui nous attachent et nous façonnent, qui nous portent ou nous accrochent. Et sur les arcanes de l'adolescence comme la recherche d'une issue face à tout ça, peut-être.

C'est un beau roman. Outrenoir.

12
MAR 18

Rencontre dédicace

« Erotiser l'entreprise ». Les gens se disent que c'est de la provocation ce titre-là. Et avec toutes les histoires de sexe, enfin d'abus sexuel, au cinéma ou dans les coulisses, dans le métro ou dans l'entreprise, ce n'est pas la peine d'en rajouter.
Les gens se disent ça et ils nous regardent par en-dessous, d'un air mauvais, et puis ils essaient de passer à autre chose.

Et, quoiqu'on en dise, quoiqu'il en soit, Eva et moi on continue sur ce fil de l'Eros et « des rapports professionnels sans complexes » – c'est le sous-titre du livre. Parce que, certes il y a les gens qui nous snobent, mais il y a aussi ceux qui prennent le risque de la rencontre, du frottement, de la surprise. Dans les écoles et les universités. Là où c'est plus électif.

19
FéV 18

Tu veux pas devenir mon ami ?

« Vous les embrassez, vous les tutoyez, vous les appelez par leur prénom, et après vous vous étonnez qu'ils aient envie de devenir votre ami et d'arrêter l'accompagnement ! »
C'est ma psy, l'autre jour, qui reprenait simplement mes mots, comme ça, dans une seule phrase. Je me dis que l'inconscient est comme une langue étrangère, oui, tout est crypté, mais c'est une langue que l'on peut apprendre si l'on veut bien s'en donner le temps. Il y a, par exemple, la condensation, c'est dans les rêves d'habitude, mais là c'est un peu ça qu'elle a fait ma psy : elle a condensé dans une seule phrase ce que je venais de lui raconter. « Et, pourquoi vous faites ça ? » elle a ajouté. 

14
FéV 18

Les dessous du coaching

Ce titre-là, « Les dessous du coaching », c'est le titre que j'ai choisi pour apporter une touche personnelle à l'ouvrage écrit cet été avec Eva : « Érotiser l'entreprise - Pour des rapports professionnels sans complexes ». Une trentaine de pages, plutôt intimes et au beau milieu du livre, parce que j'aime bien regarder les choses par en-dessous. C'est une déformation de l'enfance. Oui, les gens parlent de "déformation professionnelle" quand ils font des manières, mais ça vient d'avant toutes nos manières de voir et de faire.

Trente pages donc, sur ce qui se trame sur la scène de l'inconscient et dans l'entreprise. Entre pulsions, fantasmes et névroses. Et pour éclairer un peu tout ça, j'ai aimé relier les points entre coté fauteuil et coté divan : les séances quand j'accompagne et puis mon travail en psychanalyse. Jeux de transfert et de contre-transfert. Avec aussi des balades à la campagne quand je fais des détours en Simca. Les ricochets du passé vers aujourd'hui. 

Extraits.

10
FéV 18

Dans les provinces de l'âme

Sur les bords de l'Yonne, tout au bout du chemin du Port de Givet, il y a un cimetière de bateaux. Avec les carcasses éventrées et les choses abandonnées, cassées, ça a un côté apocalyptique, triste aussi, mais j'aime bien cet endroit-là. Il n'y a jamais personne et c'est inondé quand le fleuve monte. Freud parlait de « la vie d'âme » et des « provinces de la pysché » et je me dis que dans un coin de ma tête j'ai une « province » comme ça. Ça me rappelle aussi que, derrière Fauchon, c'était la Pinacothèque de Paris, le fameux musée privé consacré à l'histoire de l'art. Un beau jour ça a fermé et c'est resté en chantier pendant longtemps. Je connaissais bien ce coin-là parce que c'est sur mon chemin quand je reviens de chez ma psy.
Et un jour, Eva et moi on n'était pas loin et, sans trop savoir pourquoi, j'ai voulu faire le détour pour lui montrer tout le chantier. Quand je propose un détour à Eva c'est souvent suspect et risqué.