01
NOV 16

Un manager à nu #1

Je sais bien que ça ne se fait pas mais, pendant que je l'accompagnais, je ne pouvais pas m'empêcher d'écrire. Irrésistiblement. Un, deux et trois billets. À la fois sur lui et sur moi, sur des histoires d'avant et d'aujourd'hui, sur le sale et le lait, sur le grognon et ce qui pue, sur la cruauté de l'enfance et les tondeuses à gazon… 
Parce que ce n'est pas une excuse mais les jeux de transfert, ça entremêle toujours beaucoup de soi et de l'autre. Sur le coup. Alors je ne pouvais pas m'empêcher d'écrire. Et c'est souvent dans l'après-coup que ça se comprend.

J'ai caché les trois billets au fond de mon blog mais, un beau jour, il les a découverts.
– Vous écrivez sur moi, il m'a dit.
– Oui, c'est à vous d'écrire votre vie si vous voulez, j'ai répondu sans trop me démonter. Et il m'a raconté que sa mère aussi écrivait pour lui quand il était petit d'homme. Chaque dimanche soir, il lui demandait de faire ses rédactions. Alors il m'a pris au mot. Oui, il a essayé de changer un peu le sens de l'histoire.

Un, deux, trois. Trois premiers billets de son cru, comme un journal intime et sur le fil des associations libres. Et puis d'autres encore, au fil de nos séances. Et puis après aussi. Et tout ça aujourd'hui c'est devenu un livre. Ça s'appelle "Un manager à nu". C'est publié chez Kawa et avec un pseudo parce que c'est intime toujours. Je n'ai jamais lu ça ailleurs.
Et depuis, j'ai arrêté d'écrire sur lui. Enfin juste quelques lignes, pour la préface.

Eva a aussi rencontré Yvon, c'était à un atelier de campagne, et alors elle a aussi écrit une page pour son livre. C'est là sur son blog :  « Manager analysant »

Et mon prochain billet, ici, ce sera un large extrait du livre d'Yvon parce que c'est vraiment bien ce livre-là.

 

24
OCT 16

Confidences d'une coiffeuse

– Dis, ça te dirait d'écrire une note, genre l'œil du psy, pour "Bigoudis", un livre à paraître sur les coulisses des salons de coiffure ?
C'est Henri Kaufman, le boss éditorial de Kawa, qui m'a proposé ça cet été. Et moi, sans trop savoir pourquoi – enfin si, parce que j'aime beaucoup les coulisses et l'envers des choses –, j'ai aimé dire Oui.
Alors j'ai pris le temps de découvrir le manuscrit en écriture de Christine Rosana :

« À cette époque, la mode ne s'éparpillait pas encore en tendances, il n'y en avait qu'une et elle sacralisait les blondes platine. Pour faire les décolorations, on envoyait la nouvelle apprentie que j'étais quérir un très précieux élixir. Deux fois par semaine, je me rendais à la droguerie et j'avais pour mission d'acheter de l'eau oxygénée titrée à 110 volumes. Je laisse apprécier les connaisseurs. Pour les profanes, sachez que le maximum autorisé dans la profession était de 40 volumes. »

Ça c'est un extrait. Et j'ai adoré. Ça et la suite. Alors je me suis laissé écrire à mon tour sur ce qui se trame d'incroyable mine de rien – enfin de pulsionnel –, pour ces artisans de l'intime et aussi pour nous-même, à leur contact. Oui, pourquoi nous aimons tant nous faire papouiller, prendre la tête et nous faire couper comme ça, impunément, des parts de nous-même ?

Et finalement ça s'appelle "Confidences d'une coiffeuse" et ça vient de paraître. Chez Kawa donc.
La suite de l'extrait, là :

« Si par malheur, lors de la préparation du savant mélange quelques gouttes atterrissaient sur mes doigts, la brûlure qui palpitait sous la mousse blanche était fulgurante. Même en rinçant immédiatement la peau avait déjà rougi.
Sans aucun complexe, avec ce liquide que certain surnommait « l'eau bénite », nous exécutions les décolorations complètes de la chevelure ou seulement quelques mèches.
La plupart du temps, dès l'application du mélange, la réaction chimique ne se faisait pas attendre. Fumée au-dessus du crâne, picotements d'abord puis douleurs ensuite, du châtain le plus sombre, les cheveux passaient au platine le plus pur. Dans notre jargon nous disions que la dame était cuite. Le cuir chevelu l'était en tout cas, décapé au mieux, au pire boursouflé, cloqué, régulièrement perlé de sang. On peut dire sans ambages que nous jouions avec le feu ! »

Et puis mes lignes en avant-propos de l'ouvrage, ici.
 

11
OCT 16

Un nouveau roman d'Amélie

Hygiène de l'assassin, Métaphysique des tubes, Stupeur et tremblements… J'aimais beaucoup lire les tout premiers romans d'Amélie Nothomb et puis j'ai arrêté, je ne sais plus trop pourquoi (enfin si, je crois que c'est quand j'ai perdu le goût du loufoque).

Et l'autre jour, à la librairie – côté campagne –, il y avait Riquet à la houppe le nouvel opus d'Amélie avec, accroché à la couverture, un cœur en papier cadeau. J'ai feuilleté, j'ai lu quelques pages, ça parlait d'une de mes énigmes de toujours : mais pourquoi on s'attire et on se relie ? Certes les corps s'attirent proportionnellement à leurs masses et en raison inverse du carré de leur distance, mais c'est plus fort quand tout semble les opposer : le beau et le laid, le simple et l'esprit, la belle et la bête…

J'aime beaucoup. C'est un conte de Perrault revisité et il y a, dans le désordre, du champagne, de la poésie, de la cruauté, des oiseaux, des parents à l'ouest, de l'amour qui finit bien, de l'enfance, de l'adolescence, encore des oiseaux Et c'est vraiment délicieux ainsi ce nouveau roman d'Amélie Nothomb.

06
AOU 16

Des psychanalystes en séance

La séance est ouverte… Rousseau, transfert, contre-transfert… Quand je vois passer ces mots-là l'autre jour sur mon fil Facebook, je clique sur le lien et c'est un article de Libé sur un nouvel ouvrage écrit par plein de psys. Chacun d'eux raconte un bout de séance ou d'une cure, en deux ou trois pages et avec un éclairage particulier, un concept à rebours des idées bien répandues : L'hypocondrie créative, La normopathie, L'anti-analysant,…

Ça se veut "à l'écart des modes et des polémiques" et c'est centré sur les déploiements contemporains de la psychanalyse. Et alors je me dis que j'aimerais bien le lire ce livre-là. Même si je ne lis pas trop les livres psys parce que pour l'instant je préfère les travaux pratiques à la théorie (oui, tout le travail d'enquête, d'archéologie intime sur le divan, enfin sur moi-même). Mais ce livre-là j'aime le commander à la librairie de la ville. Et quand il arrive quelques jours plus tard, je m'assois au bord de la fontaine, je le feuillette et c'est encore tout un régal qui s'annonce sur la table des matières : L'agonie primitive, La relation d'inconnu, La vivance, Les séparations imparfaites

Et alors sans attendre de tout lire (parce qu'il y a quand même cinquante-huit psys qui ont écrit), je partage là quelques extraits.
Oui, parce que c'est vraiment bien et ça parle tout autant de ce qui se passe derrière le divan (quand le psy patauge par exemple) que des patients qui fréquentent le divan 
aujourd'hui : les « états limites » bien plus « borderline » que les névrosés des temps fondateurs. Et avec ces patients-là « la logique du trauma, le recours à l'agir, la compulsion à répéter s'avèrent plus marqués que dans les cures de naguère, censément rythmées par les aventures de la parole et le principe de plaisir » (je crois bien que je suis un peu ou beaucoup comme ça et aussi de plus en plus aussi ceux que j'accompagne).

En partage quelques extraits donc.

05
JUN 16

Bob et moi

J'ai aimé rencontrer Patrice GRÉE dans un groupe secret. Oui, ce groupe-là s'appelle Nikki, c'est du japonais et ça veut dire "Journal intime". Enfin, je ne l'ai pas vraiment rencontré Patrice parce que c'est sur Facebook mais on n'est pas nombreux dans Nikki et c'est ça qui est bien. Chacun publie ici des instants de sa vie, comme il aime, quand il aime et sans soucis de plaire. Et c'est tellement vrai ces moments-là de vie que je me demande toujours si c'est faux. Et ça m'encourage à écrire aussi des bouts de mon histoire cachée.

Et donc de fil en aiguille, c'est là aussi que j'ai découvert que Patrice venait de publier un livre : "Bob et moi". Illico, j'ai aimé le commander son livre. Bob c'est le chien de Patrice, un boxer, "élégant et gracieux, à face écrasée mais au corps ferme, souple et chic". 

Et c'est passionnant de découvrir comment ces deux-là partagent beaucoup d'instants de leur vie et aussi plein de questions sur des sujets profonds ou graves. C'est comme un journal intime aussi.

J'ai beaucoup aimé lire ce livre parce qu'en ce moment je retrouve plein de souvenirs avec les chiens de mon enfance : Vidocky le fox terrier, Orphée le doberman. Et aussi parce que maintenant Eva a un chien, enfin une chienne. Elle s'appelle Snow, elle participe à ses séances de psychanalyse et, des fois, Eva l'emmène ici à la campagne. Et alors ça me rappelle un peu mon enfance mais pas du tout sur le mode du dressage, de l'attaque ou des concours.

J'ai corné beaucoup de pages de "Bob et moi" et c'est le signe que c'est vraiment bien mais alors j'ai eu du mal à choisir quelques extraits.

03
AVR 16

Marylin, dernières séances

Sur les docks ou A voix nue, Hors-champs ou Les pieds sur terre… ces émissions-là sur France Culture, en direct ou en podcast, c'est toujours un bonheur, je trouve. 
Et alors j'aime bien en parler au fil de mes coups de cœur et en passant, sur Facebook ou sur Twitter, mais pas trop ici (c'est bizarre)

Et là – enfin, la semaine d'avant plutôt – il y avait Marylin et Ralph Greenson, son dernier psy, dans Fictions. Un feuilleton en dix épisodes intitulé "Marylin, dernières séances". C'est tragique mais je suis tombé accro.
C'est une création radiophonique inspirée du roman éponyme de Michel Schneider, critique littéraire, musicologue et psychanalyste.

"REWIND. Remettre la bande à zéro. Recommencer toute l'histoire. Repasser la dernière séance de Marilyn. C'est toujours par la fin que les choses commencent."

A découvrir et puis savourer, si vous aimez aussi.

10
FéV 16

D'après une histoire vraie

J'avais tellement aimé Rien ne s'oppose à la nuit, cette autopsy par l'écriture des liens familiaux et d'une forme de fabrique de la folie, alors quand j'ai vu le nouvel opus de Delphine de Vigan, j'ai craqué.

Ce roman-là, D'après une histoire vraie, c'est comme un thriller psychologique ; impossible de le lâcher tellement la tension monte au fil des pages (presque 500 pages quand même ! jamais lu un livre aussi gros).
Mais, est-ce la suite de la saga familiale (Delphine reçoit des lettres de menace
) ou bien un délire privé (Delphine déprime, s'enferme) ? Est-ce pour de vrai ou une fiction ? Impossible de savoir. Et c'est ça aussi qui accroche et qui nous tient, comme une énigme et jusqu'à la fin.

Parce que c'est aussi une lubie de notre époque « cette fascination extrême de notre société pour le vrai, "vrai" à la télé, "vrai" au cinéma, "vrai" dans l’écriture" », dit la romancière dans ses interviews du moment mais en nous laissant avec l'énigme toujours.

Ce livre est inspiré de Misery, le roman-cauchemar de Stephen King, où un écrivain à succès se retrouve à la merci d'une infirmière qui adore son oeuvre… jusqu'à la folie.

Mais c'est aussi d'après une histoire vraie, celle de l'auteure, qui mêle à son récit des "personnages" de sa vie d'aujourd'hui : Louise et Paul, ses deux jumeaux qui quittent le nid maternel (elle a effectivement deux enfants mais c'est pas des jumeaux) ; François, son amoureux, qui est producteur et présentateur d'émissions littéraires et qui se demande aussi si Delphine délire (François Busnel, le critique littéraire, est son compagnon dans la "vraie" vie)

Alors jusqu'à la dernière page et même après, on ne sait pas, on ne sait plus, parce qu'on a beau vouloir démêler le vrai du faux, c'est toujours sur la même corde qu'on tire.

Et, là, quelques morceaux des pages que j'ai aimé corner.

05
AOU 15

Frérocité

Ce mot frérocité c'est à la radio que je l'ai entendu la première fois. J'étais sur une petite route de campagne, dans ma vieille voiture, – Il faut que je retienne ce mot-là, je me suis dit – je n'avais rien pour écrire mais j'avais noté que c'était la combinaison de deux mots ; une combinaison inventée par Lacan.

Plus tard, j'ai voulu retrouver ce mot qui m'avait tant accroché ; j'ai recherché l'émission, j'ai googlisé, j'ai essayé plein de combinaisons, comme sur un cadenas à combinaison. En vain. Alors j'ai fini par oublier ce que j'avais oublié.

Frère, férocité ! Je ne sais pas comment ni pourquoi, un jour, les deux mots me sont revenus. Et la combinaison avec.

Enfin, si, je crois savoir pourquoi c'est revenu soudain. Depuis quelques temps, sur le divan et dans mes rêves, je découvrais une grosse part de ce que j'avais enfoui jusqu'alors : ma rivalité avec mes frères, la jalousie infantile et cachée.
On était une famille nombreuse (cinq 
enfants et moi au beau milieu de tout ça) ;  ma mère était nourrice agréée et pour moi ça a corsé l'affaire au fond. Et c'est pour ça que la découverte de cette part-là en moi agitait plein de défenses : dénégation, parties de catch avec ma psy, verrouillage de ma mémoire Mais l'inconscient était lâché ; irrépressiblement !

Ainsi, en même temps, une nouvelle création personnelle me procurait un plaisir jubilatoire, infantile et irrépressible aussi : Le GorafiCoach, ces micro-fictions où j'épingle les us et coutumes du peuple coach, de mes confrères qui tiennent à distance la psychanalyse. Comme si la rivalité était créatrice pour moi.

Et puis, il y a aussi la supervision de ceux que j'accompagne : elle fait resurgir en moi des élans complices ou bagarreurs souvent.

Alors j'ai voulu en savoir plus. Et de fil en aiguille, j'ai trouvé un livre de J.-B. PONTALIS : "Frère du précédent".

 

08
MAI 15

L'élan barbare et créatif

"Chacun de nous vient au monde avec le désir d'exister, un désir brut, une vitalité un peu folle, une énergie singulière et une violence créatrice aussi ! Mais au fil de notre histoire, tout ça se censure ou se refoule, s'étiole et puis s'épuise alors. Et c'est ça qui est destructeur au fond !
Et notre art singulier, en open source, c'est l'accompagnement au naturel : pour faire alliance avec notre humaine nature, nos pulsions sexuelles et agressives, sources vives de création et de disruption ; en tribus et en communautés professionnelles."

Ça c'est un morceau du pitch préparé avec Eva pour la 1ère rencontre entre barbares, le 31 mars dernier à l'Archipel, haut lieu d'innovation collaborative. 

Mais une fois sur scène et puis dans notre alcôve de barbacteurs Divan 2.0, c'était une toute autre histoire !
Et pourtant, Eva & moi on n'était pas inquiet au fond : on savait bien que tout allait rentrer dans le désordre !

En partage ici la vidéo de ce moment inoubliable porté par l'élan barbare, vivant et disruptif.

Réalisation : Alexandra Ha Duong - Textes : Antoine Brachet

 

05
AVR 15

Dépendance Day

Je ne sais pas trop pourquoi j'ai choisi ce roman-là quand je l'ai choisi. Ça parle de la mémoire qui s'efface, tout doucement ou tout d'un coup. Sans prévenir et par pans entiers alors. Inéluctablement, irréversiblement. Il suffit de "laisser le sablier faire son ouvrage", écrit Caroline Vié, l'auteure, journaliste de cinéma aussi.

Il y a comme un tremblement de l'inconscient, je crois, à l'instant de choisir un livre ; un frémissement qui prend forme dans l'après-coup, au fil des pages. Alors là, c'est peut-être parce que j'ai moi aussi perdu la mémoire. Mais c'était bien avant de vieillir ; la mémoire de mon enfance. Et puis maintenant, je sais de mes voyages en divan que ce n'est pas à jamais, au fond.  

Alors que là, dans Dépendance Day, elle est triste, elle est tragique l'histoire. C'est écrit à l'encre noire, outrenoire. Parce que cette forme-là de l'oubli fait glisser vers la fantaisie d'abord, et puis carrément dans la folie. Et ça semble inscrit dans l'ADN des femmes de cette famille. Lachésis, Clotho et Morta ; ces femmes-là s'appellent comme les Trois Parques. Et il y a aussi Nona, la dernière. Et c'est écrit à l'acide aussi. L'humour comme un antidote, une défense face au désespoir.  

Et sans avoir encore fini ce livre-là, j'en partage ici quelques extraits. Avec aussi une vidéo comme un thriller.
Un livre à aimer lire tout doucement.

 

09
MAR 15

Fragments d'une psychanalyse empathique

Ça fait bien longtemps que je n'ai pas partagé ici quelques lignes sur un livre de psy. Parce que je ne peux plus lire ces livres-là ; c'est sans doute l'un des bienfaits du divan qui m'invite à vivre l'analyse plutôt que de théoriser ; parce que la théorie est une défense au fond.
Et pourtant j'ai aimé plonger dans l'un des livres de Serge Tisseron, un psy qui a fait sa thèse de médecine en bande dessinée et qui écrit plein d'essais : sur la honte, sur les effets des secrets de famille, sur notre rapport aux nouvelles technologies…

Et cet ouvrage-là n'est pas théorique, il est délicieusement décousu, fragmentaire et écrit sur le mode du témoignage : le témoignage de ses séances avec un autre psy, Didier ANZIEU, clinicien hors du commun qui s'impliquait en permanence dans la cure.
Ainsi ce livre parle tout à la fois de son expérience d'analysant et d'analyste, de la souffrance que font les blessures de l'âme, d'une "psychanalyse contemporaine", orientée du côté de la vie et à rebours des approches comportementalistes à la mode, du "bonheur de symboliser" à deux, parce que ce bonheur-là ne peut être que partagé...
Un livre pour tous ceux qui ont envie de commencer une psychanalyse ou qui ont déjà commencé.
Et incontournable pour les coachs qui n'osent pas aller sur le divan et percevoir ainsi de quoi il en retourne.


Deux extraits ici et puis aussi une interview vidéo de l'auteur.
 

19
JUI 14

Chevrotine

C'est bizzare, j'ai oublié où et quand j'ai acheté ce livre-là. Un peu comme Alcide Chapireau, le personnage central de ce roman, qui ne sait plus vraiment ni quand ni pourquoi il a tué Laura, sa deuxième femme. 
Moi, je me souviens juste que je venais de terminer un recueil de nouvelles d'Agnès Desarthes. Et les nouvelles, quand c'est bien fait, ça me donne une envie goulue de plonger dans un roman juste après. Ce qui m'a d'abord accroché dans ce livre de Fottorino c'est à la fois le titre - un seul mot qui claque comme un polar, mais c'est pas un polar - et puis la quatrième de couverture, juste deux phases : "Toutes les femmes attendent le grand amour. Ta mère cherchait son assassin." 

Ainsi dans ce roman-là, on sait d'emblée qu'il va y avoir un meurtre. Et pourtant ça commence comme une romance en bord de mer, comme un conte de fées. Mais très vite la fée elle se met à dérailler, un peu, beaucoup, à détester et rejeter les enfants d’Alcide qui se laisse faire. Alors la romance devient l'histoire d'une torture intime, psychique ; un vrai cauchemar. 
 

18
MAI 14

Etienne regrette

J'avais tellement aimé "Salut Marie" ! Alors j'ai aimé suivre Antoine Sénanque sur son Facebook. C'est sur ce fil-là et sur son blog que l'auteur donne de ses nouvelles. Des nouvelles inédites, sombres ou énigmatiques. Et c'est ainsi que j'ai découvert son dernier ouvrage : "Etienne regrette".
Ce livre-là est un bonheur. Laisser 
sa classe de philo derrière soi, un instant et plus ; ouvrir sa maison aux oiseaux ; et puis partir travailler à la morgue en compagnie d'un ami médecin-légiste, sans souci de nuire car ici les malades ne risquent plus rien ; retrouver une amie d'enfance et la tendresse avec ; flirter avec les déferlantes à la pointe d'une digue de l'atlantique ; se laisser aller là où le soleil se couche sans pudeur, où l'air est à température de peau… 

Tout ça est déjanté et léger, immoral et réjouissant et ça apaise quand tout s'étouffe ou se détraque autour de soi, au fond de soi… 
C'est une fable sur l'amitié, poétique et mélancolique, et puis ça finit comme un thriller.
Et c'est vraiment un bonheur à chaque page.