C'était il y a un an. Un instant vidéo avec Stéphane autour d'une question toute personnelle et qui me tourmentait.
Adunaissant, déboussolé, j'aurais tellement aimé être guidé, accompagné, pour aller dans les jardins du monde, que je projette parfois à tout va mon manque et mon besoin d'autrefois : sur mes enfants qui quittent le nid et qui, bien heureusement, résistent à mes projets pour eux ; et sur les coachs, sortis de l'école et en chemin vers le monde…
Errances et confusion, histoires mêlées et sac de nœuds, flagrant délit de transfert !
Nabaltar, le soigneur de fauves, a les arbres ; Zeppo, le clown, les albums de photographies ; et Hésior, le magicien, les histoires de sang.
Et, entre eux, il y a Mira. Une femme de l'air. Faite pour s'envoler.
Au point de croix et de grâce, au fil de soie, Jeanne Benameur brode autour d'eux une histoire d'âme. L'histoire de l'amour et de la mort.
Ça se lit comme on marche en sous-bois, là où la terre est si tendre. Silencieuse. Là où rien ne gêne pour contempler.
Par dessus le grillage, mon voisin médecin me hèle :
- Dites, au fait, c'est quand le jour des monstres ?
- Le 6 octobre à l'atelier, lui dis-je, du tac au tac.
À son regard, je comprends mais un peu tard qu'il parle de la journée des encombrants !
Un atelier qui prend ses sources dans les chemins de traverse :
* Le combat thérapeutique, Gérard SALEM. Armand Colin. 2ème édition. Mai 2011
* Psychanalyse des passions en entreprise, Roland BRUNNER. Editions Eyrolles. Juillet 2009.
À fleur d'eau
les larmes du saule
*
La femme aux yeux de biche
cache au fond de son panier
deux trèfles à quatre feuilles
un poisson-chat et des flocons de neige
*
« Les hommes sont des abuseurs », lâche-t-elle quand, au clocher de l'école enfantine et maternelle, sonne le douzième coup de midi. Oui, à ma manière, moi aussi je l'ai abusée ; quand, la séance d'avant, j'ai parlé un instant de trop. Je l'empêchais d'exister alors.
J'ai adoré vider ma bibliothèque de tous les manuels techniques et pratiques qui font florès dans notre métier. Mais j'ai aussi aimé oublier un instant romans et poésies pour plonger dans un livre d'exception : Le combat thérapeutique ou L'art de guérir par le conflit.
Gérard Salem, psychiatre et psychothérapeute, bat en brèche ici tout le gentillet, la tolérance et la mansuétude, la bienveillance et l'empathie, qui certes angélisent et glamourisent les pros de la relation d'aide et, en même temps, peuvent "abrutir et anesthésier durablement" les patients trop patients.
« Fais attention ! Tu vas encore renverser ton bol ! »
Surprise dans les yeux de l'enfant qui contemplait l'aube du monde, là, dans le jardin entre ses cils.
Alors, tiré de sa rêverie comme chaque matin, il se demande si cette femme-là est magicienne ou sorcière ? Voyante ou simplement à cran ? Mais à cran de quoi ?
À l'ombre des larmes du saule, à fleur d'eau près du moulin, une coccinelle en pèlerinage zigzague entre les mots de ce livre de l'été. Comme si, à pas comptés, à pas menus, elle m'invitait à retrouver un bonheur d'enfance : lire du bout du doigt.
Et ce livre-là parle de la joie sacrée de tracer les premières courbes, les premières lettres sur les cahiers de l'enfance. Une joie sacrée et un tourment aussi. Un tourment quand le savoir et l'école menacent le lien entre l'enfant et la mère. Ce lien-là, charnel et animal, vorace et exclusif, n'a besoin ni de lettres ni de mots.
Jeanne BENAMEUR est une artiste dentellière qui brode chaque mot, chaque phrase, sur des pages en vélin.
« Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face » écrivait La Rochefoucault. Et pourtant avec Melancholia, Lars von Trier nous invite à contempler l'un et l'autre, tour à tour, au cœur de la nuit, à l'aube et à l'orée de cet instant où le monde finira à jamais.
Neutralité et empathie, bienveillance et non jugement… Ceci pour les leçons bien apprises à l'école des coachs en habits d'ange ou en bonnet d'âne.
Et, pourtant, dans le colin-maillard des séances, la vie nous invite à une autre danse, moins glamour et plus troublante parfois.
Car, chamboulés ou enragés, par la barbichette ou le collet, ceux que nous aimons accompagner nous tirent dans leurs ravines inconnues ou familières, vers leurs peurs et leurs démons.
Résonances secrètes alors avec les monstres qui, au fond de nous, s'agitent aussi.
Réflexe encore angélique ici, mais illusoire, que de vouloir faire taire ou combattre ces dragons intimes.
Il est plus fécond de les accueillir à bras ouverts et apprendre à écouter ce qu'ils nous disent. Car il y a souvent du tendre derrière le sauvage, en soi et en l'autre.
Alors, quels sont nos démons intérieurs, préférés ou redoutés ?
Comment danser avec chacun d'eux ?
Et comment coacher avec nos ombres et nos entailles en séance ?
Ce sera la 2ème édition de cet atelier hors du commun, sans tabous, sans chichis et en duo avec Eva MATESANZ.
Rendez-vous le jeudi 6 octobre dans l'atelier en bord de ciel.
Qui dort dîne, mais elle dîne parfois dehors avec un autre et Dionysos.
Alors lui passe des nuits blanches, des vertes et des pas mûres avec Pathos.
Sait-il que Thanatos et Hypnos sont frères jumeaux ?
Casting Shopping Première rencontre séance.
Non, il ne veut ni thé ni café. Ce qu'il veut c'est d'emblée me raconter son histoire, « avec toutes les pièces de son puzzle » : les jeux de guerre, son nouveau chef - un sadique notoire -, les pièges sournois posés au détour d'un couloir ou d'un dossier pas très clair, son anxiété naissante, tous ceux qui ont capitulé avant lui…
Il me parle aussi de l'autre coach, une femme, qu'il rencontrera bientôt pour choisir entre elle et moi.
Pendant toute la séance, un après midi d'hiver, elle a porté une peau d'âne tachée et déchirée. Et un bonnet d'âne découvert là dans la malle en osier parmi les peluches, des bottes de sept lieues, une paire de menottes et des étoiles filantes. Et puis elle a paradé, crié, fait des galipettes ou des grimaces devant chacun de nous.
Au début j'étais triste pour elle. Un peu chamboulé aussi. Pourquoi cette mise en scène si cruelle ?