Elle a la charge d'un vaste territoire. Un millier d'âmes et plus. Elle aime en prendre soin comme jadis une reine amoureuse en son royaume. Et elle vient ici comme elle aime marcher le matin dans la brume et le soir dans les sous-bois. Loin du bruit du monde.
Mais, aujourd'hui, elle se sent chamboulée, désenchantée. Elle me parle de la folie d'une autre femme. Celle qui, là-bas dans sa tour de métal et de verre, abuse parfois de son pouvoir.

Cette femme veut lui confier un contrat sordide. Comme un tueur à gage ! Certes, l'homme dont elle réclame la mort - financière et symbolique - n'est pas irréprochable.
« Je ne suis pas psy, me dit-elle, mais je vois combien l'entreprise est le théâtre des névroses de chacun : sadisme, perversité, humiliation… »
Elle a déjà tenté les pouvoirs croisés de la médiation et des conversations courageuses. En vain.
Elle est repartie d'ici sans autre remède ni aspirine métaphysique, mais avec une intuition bien singulière : « diriger c'est peut-être aussi créer des espaces pour donner libre cours, ne serait-ce qu'un instant, à la folie des uns et sans dommage pour les autres et soi. » Alors elle imagine offrir à cette femme un fouet, des pointes ou des chaînes. Ou peut-être un jeu vidéo, violent, cruel mais solitaire.

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