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JAN 12

Les merveilles

Là, avec délice, je suis au beau milieu d'un roman vraiment étonnant : Les merveilles.
Ça commence dans le huis clos d'une famille bien ordinaire où se mêlent le barbare et l'impossible douceur, le drame et l'anamour, les prémisses de la folie.
Une histoire qui va mal finir, écrite par Claire Castillon une femme qui ressemble à une fée mutine et qui, en couverture, se montre en étrange compagnie d'un jarre. Empaillé, j'imagine !
Une auteure étonnante dont je sens que je vais savourer les autres créations d'avant et de demain.
Quelques extraits en partage ici et sans attendre la fin. 

 

« Un matin, Lulu a fermé les yeux. Je me suis approchée pour le secouer mais il arrivait pas à se lever. Il retombait, mou et plat. Il m'a reagardée au fond de l'âme, il a soupiré comme après une longue promenade, j'ai eu une rétroversion du cœur. Il a posé sa tête sur sa patte et il est mort. Dans mon corps, c'était la fin du monde. Dans mes bras, c'était terminé, je ne porterais plus personne. J'ai creusé un trou mais je m'en souviens pas. Je l'ai enterré devant la maison, puis j'ai dormi six mois. Quand j'émergeais, je me balançais illico dans le sommeil, avec ou sans médoc, j'étais comme une lettre pour personne, je m'expédiais en dehors du corps, vers les déserts ou la lune. » page 90

« Luiggi a du chagrin et un homme en peine, c'est pas pareil qu'une femme en peine, c'est lourd et ça montre si on a ou non assez d'amour pour lui. J'ai pas assez d'amour, j'en ai mais j'en ai pas assez. J'en ai un petit peu en passant comme une caresse sur la joue, mais dans le cœur, j'ai pas l'épaisseur nécessaire à l'amour véritable et profond. Et sa mère morte, il y a quelque chose que je peux en dire, c'est long, ennuyeux, et ça s'ajoute au reste. » page 98

 

Les merveilles, Claire Castillon. Editions Grasset, Collection Ceci n'est pas un fait divers. Décembre 2011.

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Une autre troubadour de la violence ordinaire : Milena Agus