16
JUI 22

En bord de mère

L'enfance est le sol sur lequel nous marchons toute notre vie et, bien davantage encore, les tous premiers instants en bord de mère. Oui, là où l'on apprend à être en vie, à être avec l'autre et contre l'autre. Quels que soient l'art et la manière de cet autre-là.

Et c'est forcément tout un monde quand cette part-là se dérobe pour de bon, quand cet autre primordial en vient à partir à jamais. 

C'est le récit de cette traversée ultime, bord à bord, « à l'heure des mamans », qu'Eva entreprend d'écrire dans « La bordée ». À sa manière. Et côté passager.

03
JUI 22

Faux-contact

Je ne sais pas pour vous mais, l'autre jour et puis une autre fois, comme je voulais un clafoutis, j'ai cherché sur Google. La 1ère fois c'était sur marmiton.org, mais entre la farine et le lait, il y avait plein de clips de pub. Entre les œufs et le beurre aussi. Bien sûr je coupe toujours le son et je floute mon regard, mais ça me brouille en retour.
Alors, la fois d'après, j'ai essayé avec lejournaldesfemmes.fr. C'est tout un monde ce nom-là. C'était moins pire mais c'était bizarre de découvrir au bout du compte que je n'avais pas vraiment la mémoire de tout ça. Des ingrédients, des proportions, de la manière de faire. Ni dans la tête ni dans le corps. Comme si les choses ne s'étaient pas inscrites.

20
MAI 22

Ça dessine un Y

– Et, vraiment, vous vous demandez ça alors ?

C'est ma psy qui m'a demandé ça l'autre jour. Elle m'a semblé vraiment surprise. Ou plutôt, elle était en train de me surprendre dans un truc pas très clair au fond, une entourloupe peut-être. Tout ça parce que j'arrive toujours en vélo sur le divan – je viens en Vélib je veux dire – je remonte les quais, les courbes de la Seine, rive gauche, puis rive droite jusqu'ici. Et ça me plonge déjà dans une sorte de rêverie éveillée, un état proche de la cure par la parole. Oui, sans trop de tabous. Et donc je lui parlais d'emblée des femmes qui se baladent aussi en vélo au bout du soleil.

Ça se voit plus ou moins, je lui disais, ça se devine à travers les tissus, les étoffes, quand elles me doublent, quand elles pédalent, du bord des hanches jusqu'au sillon interfessier, leurs dessous dessinent un V ou un Y. Je ne peux m'empêcher de poser mon regard par ici ou par là. Et je me demande alors si les gens regardent ainsi aussi ? Si ça se fait de faire ça ? Je ne sais pas trop. Oui, regarder les courbes des femmes qui portent un string rouge ou noir, une culotte plus ou moins scandaleuse ?

Je me demande même si certaines ont vraiment une culotte, tellement la soie de la jupe ou le lin du sarouel épouse le contour de leurs fesses. Ou l'inverse peut-être. Ça fait corps, en tout cas, quand elles swinguent, quand elles se chaloupent sur la selle.

11
MAR 22

Des trous dans la parole

Maintenant, quand j'écris mes rêves, j'ai toutes sortes de pensées, de tabous et d'analogies qui me viennent en même temps que l'histoire du rêve. Ça ouvre alors plein de pistes sur l'impensable.

Tout ça est nouveau. Avant j'attendais d'être allongé sur le divan pour mener mon enquête. Comme si quelque chose s'était décoincé. Une sorte de liberté de penser des trucs bien tordus, baroques, sans le détour par un autre.

– Alors pourquoi je vous raconterai mes rêves à présent ? j'ai dit à ma psy.

14
FéV 22

Le temps qu'il reste

– Oui, terminez votre phrase !

C'est ma psy qui m'a dit ça comme ça, l'autre soir. Ça m'a bien accroché cette manière de dire qui est aussi une manière de faire. Parce que je ne peux pas m'empêcher de regarder comment elle s'y prend avec moi.

Là, c'était encore au téléphone, tout ça parce qu'elle est bien vaccinée mais elle a toujours peur du virus visiblement. Elle ne peut plus me voir – enfin elle ne veut plus – et moi non plus je ne la vois pas. Alors, pendant les séances, je peux faire des trucs que je ne peux pas du tout faire sur son divan. Me préparer une tisane BIO Relax par exemple.

15
DéC 18

Passer aux électrochocs

Ça commençait bien pourtant. C'était cet été. J'étais enfermé dans un ancien couvent transformé en centre de méditation. Et deux experts de la pleine conscience m'avait attrapé pour me passer à la question ou à tabac. Oui, à cause de mes pratiques et aussi de mes cours à la fac pour les coachs. Tout ça parce que c'est trop tourné vers l'inconscient et les pulsions. Ça encourage selon eux les plus bas instincts chez les humains que j'accompagne.
Et donc, pendant l'interrogatoire, j'évoquais des morceaux de mon roman familial et je tricotais ça avec des histoires de coach. Pour essayer d'illustrer les répétitions inconscientes, le destin des pulsions.
Mais, à un moment donné, j'ai commencé à patauger. Oui, après vingt-quatre heures sous observation, les deux experts devaient décider s'ils me passaient à l'EMDR ou aux électrochocs. Ils appelent ça la convulsivothérapie. C'est pour effacer les affects dans les souvenirs traumatiques. Et mieux vivre ainsi.
Et c'est pour ça que j'ai calé, je pense. Je me suis perdu dans la peau de mon personnage. Oui, comment vivre sans la trace de ses souvenirs, je me demandais.
Alors, j'ai mis tout ça de côté. Pendant un ou deux mois. Mais, depuis plusieurs jours, je ne sais ni comment ni pourquoi, j'ai trouvé une nouvelle trame. Plus naturelle. Sans fiction. Ça s'appelle « Les dessous du coaching ». Et ça tisse ensemble de simples scènes de la vie quotidienne avec des vraies brèves de coaching et des instants sur le divan. Au fil des lettres de l'alphabet.

Et, là, un extrait en primeur.

15
OCT 18

À la folie

Adolescent déjà, je ne savais pas trop pourquoi, mais je m'intéressais beaucoup à la folie. Oui, j'ai retrouvé dans mon cartable de l'époque un livre sur cette question-là : La folie, de Sophocle à l'antipsychiatrie - Pierre Jacerme - Bordas - 1975.

J'étais en seconde et je me souviens qu'on avait des "devoirs libres" – c'est fou cette expression-là, c'est un peu comme le divan, je trouve – et donc j'avais choisi ce thème de la folie pour un exposé. C'était en cours de français, j'étais amoureux de ma prof, un peu fou d'elle au fond. J'aimais lire aussi "L'amour fou" d'André Breton, mais je n'ai pas retrouvé ce livre-là.
Bref. L'autre jour, quand j'ai découvert que les enseignants de Paris 7 lancaient un MOOC sur "L'histoire de la folie", j'ai craqué, je me suis inscrit. Pourtant, jusqu'alors je regardais ça de très loin les MOOC, plutôt rétif, plutôt sceptique. 

23
NOV 17

Psychosexuel

Vendredi dernier, il y avait une nouvelle journée de cours à la fac pour le D.U Psychanalyse freudienne à Paris 7. Et dès qu'elle est arrivée, la prof est montée sur le bureau (c'est une prof différente à chaque fois), elle s'est assise dessus, au beau milieu du milieu, je crois qu'elle a enlevé ses chaussures (je ne voyais pas très bien parce que je m'étais installé tout au fond, près de la fenêtre, pour éviter de faire mon malin comme la première fois, enfin comme quand j'étais au lycée) et puis, tant bien que mal, elle a pris la position du lotus en nous disant : "J'espère que je ne vais accoucher ici, aujourd'hui !"

10
FéV 17

Un rêve d'enfant

Je l'ai raconté ici ou , Yvon Alamer, – c'est son pseudo –, j'ai bien aimé l'accompagner à ma manière et sans manières alors. C'était l'année dernière.
Et, comme il n'arrêtait pas de lire mon blog, je lui ai dit d'écrire à son tour. Oui, écrire un peu ses histoires d'aujourd'hui et d'avant, ses rêves d'enfant et les passions dans sa "boîte qui vend du bien-être et de l'image". Et aussi comment tout ça s'emmêle, souvent.
Ses lignes sont devenues des pages et ses pages sont devenues presqu'un livre. "Et s'il rencontrait Henri ?" m'a dit Eva qui a été sa première lectrice – Henri c'est Henri Kaufman, ami et éditeur du premier livre d'Eva chez Kawa.

Alors Yvon l'a rencontré sans trop de manières et son livre, "Un manager à nu", est sorti tout simplement et pendant l'hiver.
J'ai proposé à Yvon d'organiser une soirée spéciale pour inviter des amis et fêter ce livre-là. Et cette soirée c'était l'autre soir. Je ne sais pas trop pourquoi je fais tout ça. Ma psy me dit que le transfert n'est pas "liquidé" mais je ne sais pas comment on liquide un transfert en coaching d'entreprise. Je crois que c'est aussi parce que moi je sens plein de liens entre écrire et être accompagné. Oui, si on laisse vraiment aller, sans trop de manières, ça libère aussi un peu l'inconscient.
"J'écris pour me parcourir." écrit Henri Michaux dans Passages. 
Et puis avec Eva on se dit que, pour certains, écrire c'était peut-être un rêve d'enfant.

Et ce soir-là, Yvon Alamer a raconté un peu les effets de l'écriture pour lui. 

14
JAN 16

ERREUR 404

C'était ta première séance de la nouvelle année. Et alors, juste avant d'entrer, tu t'es soudain demandé s'il fallait lui souhaiter Bonne année. Toi, t'avais bien envie, mais comment faire alors ?! Parce qu'entre l'instant où elle t'ouvre sa porte et le moment où tu t'es allongé, tout va vraiment très vite ; oui, il s'écoule même pas trente ou quarante secondes. Alors tu te dis que ça ferait un peu ridicule de lui dire ça, vite fait, comme ça, quand t'es debout face à elle. Et ce serait encore plus ridicule de lui dire une fois sur le divan, sans la voir alors (parce que pour toi, les vœux, c'est pas juste se balancer des mots).

Tu t'es dit aussi que tu pourrais peut-être lui souhaiter à la fin de la séance ? Mais une fois qu'elle donne le top départ, genre "Là, c'est terminé." ou bien "Nous verrons ça la prochaine fois.", ça va encore plus vite que quand t'arrives.

Oui, c'est comme un signal rouge ces mots-là. Tu récupères ta musette au pied du divan, ton portefeuille dedans, tu retires l'argent de la séance, tu poses les billets sur sa petite table en chêne, tu reprends ton blouson, tes lunettes, ton écharpe, ta besace, et elle, elle attend un instant (et ça te stresse son regard sur toi, là, parce que t'es un peu cassé quand t'essaies de rassembler tes affaires), elle ouvre sa porte, on se dit "Au-revoir, À la prochaine fois" (enfin, "À la prochaine fois" c'est toi qui le dis parce que tu tiens à garder ce fil des séances) et puis tu files comme un voleur. Ou plutôt comme si tu voulais pas lui voler du temps.

08
JAN 16

Deux mille seize

JE T'AI LAISSÉ UN CADEAU DANS LE JARDIN

Elle m'a écrit ça parce qu'elle est partie et moi aussi j'étais parti.
Et c'est déjà un cadeau, je trouve, ces mots qu'elle a laissés pour cet instant où je reviens. Et ça me trouble quand je lis ça. Oui, son geste et ces mots me chamboulent parce que c'est la saison des vœux en ce moment, mais moi cette année c'est pas comme d'habitude, je n'arrive pas trop à souhaiter la Bonne Année. Parce que c'est de la pensée magique, je trouve. 

11
OCT 14

Remue-mémoire

Facebook c'est mon carnet d'esquisses pour vagabonder tout en associations libres, au jardin ou après les séances. Et Timehop c'est une appli sur smartphone qui fait des sauts dans le passé, qui remonte le fil du temps, une, deux, trois et même quatre années avant ; une appli toute simple qui fourrage au fil de mes posts, ici et là, sur le mur bleu, Twitter ou Instagram, et qui propose au petit matin des instants saugrenus ou des photos oubliées, des haïkus imparfaits et délicieux. 

J'aime bien Timehop parce que c'est comme une paille dans un mojito et ça m'évoque aussi le travail de haute couture qui se déroule sur le divan, mine de rien et dans le feuilleté de l'âme : laisser surgir des affaires pas classées ou des souvenirs enfouis, des fragments de mémoire ou des légendes insensées, et puis alors pouvoir retisser un peu mon histoire et plein d'anti-histoires.

Et là, en partage, quelques perles de mémoire

22
JAN 14

Happy etc

Je rêvais d'un lieu singulier pour accompagner. Alors j'errais, je vagabondais, d'une agence à l'autre et en bord de ciel. En vain. Alors j'ai décidé de me faire accompagner. En duo, par Géraldine & Caroline.
C'était il y a quatre ans. Et, en cette année nouvelle, ces deux chasseuses-là créent leur site : www.happyetc.com. Et j'aime ajouter mon témoignage à leur création.